Alors que la santé mentale est grande cause nationale en 2025, les hospitalisations d’adolescentes et de femmes jeunes pour tentatives de suicide ou automutilations ont augmenté massivement l’an dernier en France, notamment chez les 10-14 ans, selon des chiffres publiés mercredi.
Près de 82 000 personnes âgées de 10 ans ou plus ont été hospitalisées au moins une fois pour un geste auto-infligé l’an dernier, soit une hausse de 6 % comparé à 2023, et près des deux tiers d’entre elles (64 %) étaient des femmes, précise le service statistique des ministères sociaux (Drees).
Cela recouvre le nombre de tentatives de suicide et d’automutilation non suicidaires (scarifications, brûlures, coups contre un mur…) mais n’inclut pas les passages aux urgences sans hospitalisation, ni les hospitalisations en psychiatrie, en soins de suite ou à domicile.
Si le nombre de patients hospitalisés a peu varié de 2013 à 2019, avant de diminuer fortement en 2020, il « augmente continûment depuis », indique la Drees, qui s’appuie sur les données du système national de données de santé (SNDS). La France connaît des hausses d’hospitalisations d’adolescentes et de femmes jeunes pour tentatives de suicide ou automutilations « massives », constate-t-elle. Chez « les très jeunes filles âgées de 10 à 14 ans », elles ont bondi de 22 % entre 2023 et 2024, chez les 15-19 ans de 14 %.
Le nombre de patientes plus âgées a aussi progressé : de 4 % pour les 20-24 ans et de 9 % pour les 25-29 ans, « deux classes d’âge avec le plus de personnes hospitalisées ». Après avoir très fortement progressé entre 2020 et 2021, le nombre d’hospitalisations de patientes de moins de 20 ans a reflué en 2022 et 2023, avant de repartir à la hausse en 2024. A contrario, le nombre d’hospitalisations de femmes de 40 à 60 ans a baissé régulièrement depuis 2012.
Plus de suicide chez les hommes
Chez les hommes, majoritaires parmi les décès par suicides, les hospitalisations pour tentatives de suicides ont augmenté de + 17 % chez les 15-19 ans, + 8 % chez les 20-24 ans et + 7 % chez les 25-29 ans comparé à 2023, et de + 9 % chez les 40-44 ans.
« La brutale dégradation de la santé mentale d’une importante minorité d’adolescentes et de femmes de moins de 30 ans est un phénomène international apparu dans les années 2010, que la crise sanitaire de 2020 paraît avoir accentué », rapporte la Drees.
« Bien qu’il soit difficile de déterminer les causes de cette détérioration, une hypothèse semble se démarquer, pointant le mésusage des réseaux sociaux et les agressions spécifiques à cette population qui peuvent y avoir lieu », note-t-elle.
Le ministre chargé de la santé Yannick Neuder a annoncé le 11 juin un plan pour la santé mentale et la psychiatrie, qui a largement déçu les professionnels de santé.